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Voir autrement les services de santé et de l’assurance maladie

mardi 6 mai 2008

Taoufik Karkar

Il semble que les autorités tunisiennes aient une vision strictement bureaucratique de la santé publique, loin des préoccupations citoyennes. Car au fond, il faudrait avoir pour objectif de mettre sur pied un service public de santé qui vienne compléter d’autres services sociaux tels que l’éducation en vue de créer les conditions de travail, d’étude, et de vie correcte, sinon épanouie, pour les citoyens.

Dès lors, on devrait se poser la question suivante : où vivent les citoyens actifs ? Chez eux uniquement ? Ils passent bien une bonne partie de leur journée sur le lieu même du travail ou d’étude. Or en ces endroits, les services de santé sont absents. Et pourtant c’est en ces endroits-là où, le plus souvent, surgissent les problèmes de santé. Le travailleur ou l’élève est obligé de s’absenter, d’aller voir un médecin un peu au hasard, avec tout ce qui accompagne ceci de frais, de perte de temps et d’inconfort dans la vie quotidienne. Et que dire de la médecine préventive ? Comment peut-on prétendre à une politique sanitaire préventive en absence de structures sanitaires, légères mais efficaces, sur les lieux d’activité ?

D’un autre côté, il serait souhaitable que les entreprises de 100 employés et plus embauchent un médecin généraliste et une infirmière à plein temps et installent dans leurs propres locaux (ou dans son voisinage immédiat) un petit service sanitaire, avec un programme annuel de visites médicales obligatoires de prévention -accidents de travail, maladies "professionnelles" et santé publique- en plus des services de « consultation de petites urgences ». Combien tout ça coûterait-il aux entreprises et à la CNAM ? Pas grand-chose…

De même, pourquoi nos enfants ne voient un médecin à l’école que pour vérifier qu’ils ont bien fait leurs vaccins ? Ne peut-on pas faire beaucoup mieux : programme d’éducation sanitaire permanent, éducation sexuelle pour les adolescents, conseils psychologiques, en plus évidemment des services de première urgence et de petits soins adressés au personnel et aux élèves de l’école ?

Et pourquoi limiter le rôle du médecin à la dispense des soins ? Ne peut-il pas contribuer de manière active à la prévention, à l’éducation sanitaire, au contrôle permanent des conditions de sécurité et d’hygiène sur les lieux du travail ?

Si on prend en compte toutes ces suggestions, la querelle autour du « médecin de famille » prendra alors sûrement un autre visage beaucoup plus positif et l’assurance maladie deviendra beaucoup plus solvable économiquement et socialement.

Taoufik Karkar